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Aujourd’hui n’est pas hier

Il est tellement simple de nous rendre heureux !

 

Je me suis réveillé ce matin avec la conscience d’être entre deux mondes. Le monde onirique d’où je venais de sortir et le monde du jour où je rentrais. Tous les deux jouent en même temps, comme deux chansons qui se chevauchent, celle du rêve s’estompant au fur et au mesure que je m’engageais dans la routine matinale : laisser les chiens sortir, nourrir les chiens et les chats, nettoyer leurs « surprises », préparer mon café, et retourner à mon ordinateur pour continuer mon travail d’où je l’ai laissé hier soir.

Dans cet état « entre les mondes », en quelque sorte, mes voisins me sont venus à l’esprit. Un vieux couple qui a bien réussi dans la vie, qui vit maintenant dans un château. Lui, un ancien chef de croisière, elle, ancienne professeure de français. Tous les deux adorables, et un cauchemar à la fois.

Nous avons eu nos moments, oscillant entre bien nous entendre, et rentrer dans de affreux disputes à propos de mes poules qui allaient sur leur propriété (bien qu’ils aient aimé les œufs), à propos des chiens qui sautaient la clôture (même s’il les enrageait avec un bâton )…

En pensant à mes semaines à venir, à mes livres qui doivent arriver de l’imprimerie, à mes salons auxquelles je participerai prochainement, les bougies, les sels et tout le reste que je dois encore préparer, « le Schnock », comme j’ai baptisé mon voisin, m’est venu à l’esprit.

J’ai réalisé que j’aime mon Schnock. J’ai ensuite vu combien de conversations intéressantes nous pouvions avoir, combien d’histoires il pouvait raconter… Notre voisinage nous a présenté avec un monde de possibilités, gâchées par de vains désaccords.

A ce moment, j’ai décidé d’aller les voir, d’offrir à sa femme mon livre quand il arrivera, d’offrir à lui une bonne bouteille de vin, et ensuite… Et ensuite, mon esprit s’est arrêté devant un mur. Et ensuite quoi ?

 Comment pourrais-je commencer la conversation ? Avec un « Je sais que nous avons mal commencé », en prenant tout le blâme comme « brise-glace » pour les empêcher de se mettre en mode défensif ?

Et là, une soudaine prise de conscience m’a frappé ! Ma première pensée quand je me suis approché de mon ordinateur : « pour continuer ma journée de travail d’où je l’avais laissée hier ».

Et si j’y vais et leur parle comme si rien ne s’était passé ? Et si je les rencontre « à nouveau » ? Aujourd’hui, ils n’ont pas enragé les chiens, ni écrit de longues lettres de plainte, ni appelé les gendarmes pour se plaindre de mes poules… Et plus précisément, aujourd’hui, j’ai ressenti de l’amour pour eux, de l’amitié. J’ai senti un fort besoin de partage, d’entente, être là pour eux, comme je leur ai souvent proposé, sachant qu’ils ont tous les deux des problèmes de santé et qu’ils sont vieux et seuls.

C’est tout la ! Je me suis rendu compte que nous gâchons nos chances de nous connaître et de partager des beaux moments, simplement parce que nous « reprenons tout d’où nous l’avons laissé ». Aujourd’hui, nous portons avec nous l’hier, les rancunes et les torts du passé. Et nous les gardons si serrés contre notre cœur, qu’il n’y a pas de place pour quoi que ce soit de nouveau. Alors, aujourd’hui n’est jamais aujourd’hui, mais une vie d’hiers dans laquelle nous nous sommes maladroitement piégés.

« Il est tellement simple de nous rendre heureux !» J’ai entendu mon esprit s’émerveiller devant cette découverte. Si seulement nous commencions chaque nouveau jour avec cette réalisation. Si seulement nous appuyions sur le bouton de réinitialisation chaque matin…

Ce cela l’art d’un sage ! Il voit la sagesse dans les choses les plus simples. Dans ce cas, la sagesse étant qu’aujourd’hui n’est pas hier. Qu’aujourd’hui est un tout nouvel espace dans lequel je pourrais jouer, rire, chanter, écrire, aimer « à neuf ». Que je peux choisir de vivre dans la mémoire d’hier ou d’entrer à cœur ouvert dans le nouvel espace rempli d’opportunités d’aujourd’hui.

Ce aussi simple de nous rendre heureux !

Je suppose que ceci est un autre angle sous lequel regarder la philosophie bouddhiste « vivre dans le maintenant ».

Je préfère mon « aujourd’hui ». « Maintenant » est un concept trop abstrait, mais « aujourd’hui » a une date, des heures, des minutes, un mois, c’est plus concret, du moins pour moi.

« Aujourd’hui », le temps n’est pas le même, même si le soleil brille toujours. Il a une chaleur différente, le vent raconte une autre histoire, vient d’une autre direction, alors pourquoi devrais-je continuer à venir de la même ?

Et pourquoi devriez-vous ?

 

Grațiela Roșu © 2018

 

 

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